La croissance post-traumatique
- stephtherapie
- 30 nov. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 janv. 2022

Je m'intéresse beaucoup à notre capacité à surmonter un choc traumatique, ce qu'on appelle la résilience. Cette capacité de nous régénérer après le chaos.
Il y a quelques temps, j'ai lu un article du magazine Cerveau et Psycho qui parlait de la croissance post-traumatique. Dans cet article, Nelly Goutaudier, Maitresse de conférence en psychologie clinique et psychopathologie à l'Université de Poitiers, explique que la croissance post-traumatique n'est pas de la résilience. Mais alors qu'est-ce que c'est ?
Se relever après un traumatisme
La personne ayant vécu un traumatisme va, la plupart du temps, vivre un état de stress post-traumatique (des épisodes de grande anxiété, de flash-back, des crises d'angoisse). Cet état va remettre en cause ses croyances fondamentales (sa représentation du monde, ses relations interpersonnelles, sa confiance...).
Un individu résilient, étayé par une aide extérieure, une thérapie, finira par surmonter l'épisode traumatique pour, progressivement, revenir à son état initial.
Mais, on a observé que des individus allaient au delà de leur état originel et changeaient radicalement leur manière de voir et de vivre leur existence à la lumière de leur traumatisme.
En France, les recherches sur ce phénomène sont encore peu nombreuses, mais les premières études ont été menées aux États Unis dès les années 90.
Richard Tedeschi et Lawrence Calhoun, tous les deux professeurs de psychologie à l'Université de Charlotte en Caroline du Nord et spécialistes du trauma, ont observés les "effets bénéfiques" du traumatisme, qui se développaient chez certains membres d'un groupe rescapé d'un naufrage. Multipliant les études sur ce thème, ils créèrent le concept psychologique de croissance post-traumatique.
Selon leur observations, le processus de croissance post-traumatique débute comme un processus post-traumatique classique : La personne est sous le choc, elle cherche à comprendre pourquoi ça lui est arrivé. Elle passe par une période de ruminations (pensées obsédantes qui tournent en boucle). Ces ruminations peuvent l'entrainer vers la dépression ou l'état de stress post-traumatique.
Une étape supplémentaire s'ajoute dans la croissance post-traumatique, c'est celle où elle se elle donne du sens à ce qui lui est arrivé : "À quelque chose, malheur est bon".
Elle va, alors, modifier sa vie, prendre de nouvelles décisions et se servir de cette expérience douloureuse comme d'une rampe de lancement pour se réaliser différemment.
Ces changements vont se produire en 5 dimensions :
Les relations interpersonnelles : la personne se sent plus proche de sa famille, ses amis. Elle se lie plus facilement avec autrui.
Les nouvelles possibilités de vie qui s'offrent à elle : après un évènement traumatisant, les barrières sautent et le champs des possible s'ouvre.
La force personnelle : Nietzsche disait "Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort". L'estime de soi et l'assurance grandissent.
La spiritualité : Pour certains, sortir grandi d'un traumatisme sera l'oeuvre d'une puissance supérieure, pour d'autres, celle du destin qui leur a donné la possibilité de devenir une personne meilleure.
La dimension de l'appréciation de la vie : La capacité nouvelle d'apprécier les choses, l'épicurisme. Savourer chaque moment de la vie.
Il apparait que le niveau de traumatisme et la capacité de développer une croissance post-traumatique n'est pas lié, ou plutôt si, mais pas comme nous l'imaginons.
Une personne ayant vécu un traumatisme sévère accompagné d'un stress post-traumatique aura une plus grande probabilité de développer une croissance post-traumatique. L'ébranlement du schéma de ses croyances sera si important qu'elle aura un terrain vierge sur lequel construire.
Pour l'instant, on ne dispose pas encore assez d'étude pour déterminer si nous sommes tous égaux face à ce processus de reconstruction et de croissance ou si tel ou tel type de personnalité est plus favorable à ce phénomène.
Il en est de même pour les processus thérapeutique. Les études en France sont encore peu développées sur ce thème. Les thérapie cognitives et comportementales ont de bons résultats sur le contrôle des ruminations mais il reste encore du chemin à parcourir pour intégrer le concept de croissance post-traumatique dans le traitement thérapeutique.

Si vous souhaitez lire l'interview de Nelly Goutaudier, c'est dans le n°126 de Cerveau et Psycho (Novembre 2020)
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