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Oui, mais...

  • Photo du rédacteur: stephtherapie
    stephtherapie
  • 22 août 2021
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 sept. 2021



"- Tu as de la chance de pouvoir aller au cinéma...parce que moi avec Adélaïde...

- Tu n'as pas de baby-sitter ?

- Les bonnes baby-sitters ne courent pas les rues.

- J'en connais une bien si tu veux

- Je te remercie mais, de toutes façons, c'est trop cher.

- Il suffit de laisser le bébé à tes parents ?

- J'aimerai bien mais ils s'en occuperaient mal

- Il s'agit de le surveiller pendant qu'il dort. Tu n'as qu'à demander à tes parents de

venir chez toi.

- Oui c'est vrai...Oui mais, je suis sûr que ça les embêterai

- Qu'est-ce que ça te coute de leur demander

- Je connais la réponse

- Bon...si tu ne préfères pas aller au cinéma alors...

- Je te l'ai dit, ce n'est pas si simple !!! T'es marrant toi !"

(extrait du film "Oui Mais" d'Yves Lavandier)


Ça vous rappelle quelque chose ce type de conversation ? Je suis certaine que oui.

Ce n'est pas une simple conversation. C'est le jeu psychologique du "Oui mais".

Comme tout jeu psychologique, il provient de notre inconscient.


Le jeu du "Oui mais" est initié par une personne qui vient à l'autre avec une plainte, une problématique, dans le but de trouver un Sauveteur, une oreille attentive qui saurait compatir. Le réflexe du Sauveteur va être de proposer des options à cette personne qui se pose en Victime afin de résoudre sa problématique.

Et c'est là que le bas blesse, car, la Victime va repousser toutes les solutions proposées, non pas en les rejetant, mais en trouvant moult arguments mettant en échec ces alternatives. Il s'agit d'ailleurs d'arguments extérieurs à lui (environnementaux, économiques...). Il ne remet pas en cause son propre comportement car son but est de rester dans la victimisation.


C'est dans ce contexte que nous parlons de jeu psychologique. Les "Oui mais" à répétition vont fatiguer et agacer la personne qui souhaite aider. Elle finira par abandonner en envoyant balader le plaignant.

Les deux protagonistes repartiront avec le bénéfice du jeu, c'est à dire qu'ils renforceront leurs croyances sur soi, les autres et le monde en général.


Regardons le dialogue ci dessus sous l'angle du triangle dramatique (Victime, Sauveteur, Persécuteur) :


1. La première personne se présente sous l'apparence de la Victime ; il ne peut pas aller au cinéma car son nouveau né l'en empêche. Il envoie donc une transaction à son collègue qui va dans ce sens (" tu as de la chance...alors que moi...). C'est l'amorce du jeu psychologique. Si son collègue mord à l'hameçon alors le jeu démarre.


2. Son collègue attrape l'hameçon et c'est parti ! Il lui suggère une première solution : la baby-sitter. Il vient donc au secours de la Victime et se présente en Sauveteur.


3. Le premier décline (évidemment) par un premier "MAIS" qui ouvre la voie à d'autres ensuite. Chaque propositions du Sauveteur va trouver son MAIS chez la Victime (baby-sitters trop chères, parents incapables de s'occuper correctement de l'enfant, etc...).

Cet échange ne peut durer indéfiniment car, à la longue, il exaspère le Sauveteur dont toutes les propositions sont rejetées.


4. Une transaction du Sauveteur, excédé, va faire bouger les protagonistes sur le triangle dramatique : " Bon...si tu ne préfères pas aller au cinéma alors...". le Sauveteur se meut en Persécuteur.


5. Le premier personnage qui se présentait en Victime va alors, lui aussi, changer de position sur le triangle et devenir Persécuteur avec sa transaction pleine de reproches "Je te l'ai dit, ce n'est pas si simple !!! T'es marrant toi !"


6. Son collègue va alors le regarder, stupéfait. De sa récente position de Persécuteur, le voilà Victime !


7. La conversation ne va pas plus loin. Chacun retourne à sa tâche et ses croyances. Le plaignant aura certainement validé les siennes (qui sont peut être : je suis toujours incompris, pour les autres tout est facile, le monde est injuste).


Peut être arriverez-vous, à l'avenir, à repérer les amateurs de ce jeu psychologique. Si c'est un ami proche qui vient vers vous dans ce but, il n'est pas aisé de lui tourner le dos.

Il suffit, simplement, de l'écouter, de ne pas chercher à lui trouver des solutions et de compatir à son désarroi. Ainsi, il ne trouvera pas, en vous, un partenaire de jeu (et partira, sans doute, à la recherche d'un autre Sauveteur !).

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